Toscane

Le monde sensuel de Florence

09 septembre 2005

22. Surprise


Je le reconnais, je pratique volontiers la masturbation. Cette activité n'est nullement une compensation à ma vie sexuelle, puisque celle-ci me comble pleinement. Elle n'a pas non plus de caractère compulsif, même si je la pratique assez massivement, disons un bonne vingtaine de fois par semaine. Redoutant toujours d'éventuelles conséquences néfastes j'essaie d'être discrète quand je m'y adonne. Trois petites fois cependant j'ai été surprise en flagrant délit...

La première fois remonte à l'époque où j'étais étudiante et je partageais un minuscule trois-pièces avec deux colocataires. Les deux autres étaient deux filles plus âgées que moi, avec qui je n'ai jamais vraiment eu d'affinités. Une après-midi, je suis seule dans le cagibi qui me sert de chambre. Nue, allongée sur le dos, je me caresse. Cette fois-là, je masse longuement l'extérieur de mon sexe, puis je fais rouler mon clitoris entre le pouce et le majeur. Mon esprit est tourné vers l'intérieur, la montée de mon plaisir, les souvenirs et images de celles et ceux qui ont caressé cet endroit, des doigts, des langues, des nez, même quelques doigts de pieds... des langues... d'abord humectant largement les abords, puis léchant tout autour, et enfin tétant délicatement mon petit bout de chair. L'orgasme vient, familier, silencieux. A ce moment précis la porte s'ouvre, une de mes colocataires entre, insouciante, à la recherche d'un objet quelconque. Je ne l'ai pas entendue pénétrer dans l'appartement. Elle me surprend en plein brouillard. Très confuse, marmonnant de vagues excuses, elle se retire aussitôt... Quelques minutes plus tard, elle évoque brièvement l'incident, "tu es belle quand tu jouis Florence".

La deuxième fois, c'est tout bonnement mon mari qui me surprend en pleine action. Je suis dans le jardin, en maillot de bain deux pièces, offerte au soleil mais à l'abri des regards. Etendue sur un transat, mes mains caressent à travers le maillot, l'une mon sexe, l'autre mon sein gauche. En somme, une masturbation sage et douce. Très concentrée, je n'ai pas entendu Bruno ouvrir la porte du jardin, ni s'approcher de moi. Mon orgasme venu, mon esprit lentement apaisé, mes yeux enfin ouverts, je le vois enfin face à moi. Il sourit. Il m'a déjà vu me masturber, il sait combien ça compte pour moi. Il est seulement très étonné de me voir au jardin. Il saisit l'occasion, et nous y faisons l'amour pour la première fois...

La troisième fois, c'est au cinéma. J'y suis seule, dans une minuscule salle branchée de la capitale, parmi un public des plus clairsemés. Comme toujours très lucide, juste après la caisse, j'ai ôté ma culotte aux toilettes, puis je me suis installée au fond d'une rangée, près du mur. Le film est une comédie dramatique à la française, avec de jeunes et beaux acteurs dont la nudité est copieusement étalée par la magie de la mise en scène. Je m'installe, les genoux écartés calés contre le siège de devant, inoccupé, et ma main droite glisse sous ma courte robe d'été et entreprend sans délai de stimuler mon plaisir. Je fais tournoyer doucement mes deux doigts fétiches à l'intérieur de mon vagin. Les yeux dans le vague, quelque part au dessus de l'écran, je me sens bien, de mieux en mieux, contrôlant les forces qui montent en moi. Soudain une image attire mon attention, le corps qui vient de se dénuder à l'écran me rappelle celui de Nadine. Mes doigts se crispent, occasionnant une sorte de cahot sur la route de mon plaisir, me faisant pousser un gémissement. Pas très fort, très net, vite réprimé... Je retiens mon souffle, puis je regarde autour de moi... Dans la même rangée que moi, trois fauteuils plus loin, un jeune homme me regarde. Je vois ses traits par intermittence, au gré de la luminosité des images sur l'écran. Mais sa tête et son regard sont nettement figés dans ma direction. Sans gêne particulière, je me retourne vers l'écran, et reprends ma caresse. Je perçois alors que le jeune homme se déplace et s'installe sur le siège près du mien. Je tourne la tête, nos visages se font face. Je me caresse toujours. Le jeune homme ne peut ignorer les mouvements de mes doigts, que trahit la mobilité de mon bras tout entier. Je porte mes lèvres contre les siennes. Il répond à mon baiser, nos bouches s'unissent avec ferveur, nos langues se trouvent. Ce baiser dure une éternité... je sens qu'il bande... mes doigts s'emballent, l'orgasme déferle, mon corps se tend, ma bouche reste inerte dans la sienne... je savoure toutes ces sensations jusqu'à la dernière goutte... Reprenant enfin mes esprits, je reprends un instant le baiser interrompu. Plus tard, quand le film se termine, le jeune homme a disparu, conservant à jamais son mystère.

Florence - fflorence@mail.com

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