56. Les malheurs de Sophie
Sophie, ma Sophie… Toi qui, à chaque fois que je te voyais, suscitais chez moi, dans mon âme, mais aussi dans mon corps, un émoi immédiat et profond… Toi que je vis à la piscine nue sous la douche… Toi qui m’accueillis avec ton mari Grégoire, un soir d’hiver, dans un hôtel du Quartier Latin, et toi que je vis ce soir-là faire l’amour avec lui, et que je vis me regarder faire l’amour avec lui… Toi qui semblais indifférent à mon irrépressible attraction pour toi…
Ton mari Grégoire t’a virée avec violence, comme une malpropre. Après quelques nuits d’hôtel dans cette petite ville de province où vous étiez partis vivre, c’est moi que tu as appelée au secours, et c’est chez nous que tu as débarquée le lendemain. C’est avec nous que tu as épanché ton chagrin et soigné tes plaies.
Et puis il y a eu cette après-midi où tu m’as attirée dans cette chambre d’amie qui était devenue la tienne depuis plusieurs semaines. A ma grande surprise, tu m’as serrée fort contre toi, très fort même, puis tu as dévoré ma bouche de tes baisers. Puis très vite nous nous sommes retrouvées nues, enlacées sur le lit. Puis tu t’es remise à pleurer.
Je me disais que j’étais en train d’abuser ou que tu te sentais obligée, que tu regrettais déjà, ou Dieu sait quoi d’autre. Je cherchais à minimiser l’incident. Ne pouvant te calmer, j’avais fini par me taire, par vivre cette étreinte, par te prodiguer de douces caresses. Tendres d’abord, puis plus intimes ensuite. Je te sentais non pas résister, mais vibrer. Un orgasme aussi soudain que violent a rapidement couronné mes efforts. Tu semblais tout à coup comme libérée, sortie d’une longue léthargie.
Et alors, toujours blottie contre moi, tendrement enlacée, sans plus pleurer, tu t‘es mise à parler. Tu m’as expliqué comment toi tu avais vécu nos différentes rencontres. Comment toi aussi t’es sentie dès le début extrêmement troublée par nos rares contacts. Et comment tu as refoulé tout ça, autant par fidélité pour ton mari que par une certaine lâcheté de ne pas reconnaître ton attirance pour une femme.
Là, maintenant, tu te découvrais soudainement libre et passionnée, tes pleurs avaient été ceux d’une émotion trop forte à contenir.
Tu n’avais pu t’empêcher de reparler du gâchis de ta vie avec ton mari, de la lente descente aux enfers et enfin de la rupture. Je t’écoutais, bien sûr, mais je m’étais remise à te caresser, des caresses d’amantes qui n’avaient plus rien à voir avec des caresses prévenantes et pudiques d’une amie compatissante. Je promenais mes mains partout sur ton corps, cherchant et repérant les zones sensibles. A chaque nouvelle découverte, ton discours de faisait haché, ton souffle imperceptiblement plus court.
Et puis tu ‘es arrêtée de parler, tu as semblé te ressaisir, ou alors être traversée par une idée, et tu as commencé à agir à ton tour. Posément, tu m’as amenée à m’allonger sur le dos en travers du lit, les jambes légèrement écartées. Tu es venue au dessus de moi. Tu as uni tes lèvres aux miennes, tu m’as léché les lèvres, puis embrassée, puis tu as sucé mes lèvres et ma langue. Ensuite tu as progressé vers le bas, tes lèvres se sont portées sur mon menton, mon cou, le haut de mon sein gauche. Elles ont pincé mon téton. Tu l’as léché. Puis tu as continué, baisant mon ventre, mon nombril, atteignant tranquillement mon sexe. Puis saisissant mes jambes, tu t’es mise à dévorer mon intimité. Avec maladresse mais avec fougue, avec passion. Je sentais ta langue et tes lèvres partout, dans ma fente, à l’intérieur du vagin, sur mon clitoris, et même à l’entrée de mon anus. Malgré tes efforts, malgré mon excitation, je n’ai pas joui, ce jour-là. L’apprentissage viendrait plus tard. Alors tu es remontée unir ta bouche avec la mienne. Nos corps soigneusement encastrés. Cheminant entre eux, j’ai lancé ma main vers mon sexe, et quelques secondes de masturbation ont suffit pour que j’éclate à mon tour.
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