54. Sexe, amour et triolisme
Je suis entre deux hommes et j’aime ça. Mon mari est en dessous, allongé sur le dos sur notre grand lit conjugal. Je suis étendue sur lui, tête-bêche. Je déguste tranquillement son sexe tendu, avec toute la volupté et le calme d’une gourmande devant son péché mignon. Je sens par instant ses baisers tendres ou ses coups de langue magiques sur mon sexe. Je sens bien davantage la bite de notre ami qui va et vient en moi tout à la fois avec respect, force et amplitude. Je sais que Bruno, là derrière, a le nez et les yeux directement sur cette pénétration. Je sens par moment sa bite se raidir plus encore dans ma bouche, sans doute parce que son excitation a encore crû d’un degré. Il aime être au plus près de mon intimité, et c’est dans cette disposition qu’il est le plus satisfait, je le sais. Et puis si la bite vient à sortir complètement de mon corps, pour quelques secondes, il la happe avec sa bouche, se délectant ainsi de substances directement prélevées aux tréfonds de mon sexe. En suçant fugitivement notre ami, c’est au plus profond de moi-même qu’il me lèche en réalité.
Tous les trois avons une grande habitude de mêler ainsi nos corps. La curiosité d’essayer de nouvelles choses entre nous trois existe toujours, mais le retour à une position qui constitue une sorte de perfection où chacun de nous est littéralement comblé dans ses désirs les plus forts, ce retour est quasi systématique lors de nos rencontres. Ainsi, cette nuit-là, c’est une immense tendresse qui nous avait tous trois envahis, une tendresse prenant racine dans notre amitié et dans le plaisir immédiat et familier que nos corps ressentaient à se retrouver, une tendresse qui se manifestait par des baisers longs et passionnés, par des caresses chastes, où la main reprend progressivement possession d’un domaine dont il a été un temps privé. Puis cette chasteté s’était écornée par des caresses faussement plus hardie, je dis faussement, car si aucune pudeur ni retenue réelles n’existaient plus entre nous depuis des années, nous simulions par jeu le caractère fortuit du dos d’une main frôlant une verge ou d’une phalange s’égarant dans l’humidité de mon sexe. La chasteté volait alors en éclat, et les appétits de chacun retournaient à leurs proies favorites, à la recherche du plaisir de l’autre, le sien s’annonçant comme une évidente conséquence de tout cela.
C’est ainsi que ma bouche retrouve le sexe de Bruno, que notre ami en vient à me prendre en levrette, et que Bruno s’installe de nouveau de telle sorte qu’il peut voir mon vagin, le vagin de sa propre épouse, pénétré directement sous ses yeux, et lécher de temps à autre la bite qui me fouille.
Notre complicité va jusqu’à apprécier longuement les délices de ces caresses, et à laisser filer ensuite nos orgasmes respectifs de manière relativement groupée. Rarement simultanément, car tous trois préférons savourer pleinement l’orgasme des autres sans être troublé, voire bien davantage, en succombant au sien au même moment… ainsi, dans cette position que finissent toujours par rallier nos ébats, le premier à jouir est généralement Bruno, inondant ma bouche de jets saccadés, tout en criant généreusement. Ensuite c’est moi qui jouit, la bouche pleine de sperme et toujours habitée par le sexe de Bruno, sans crier, donc, mais en gémissant puissamment, et au milieu de mon orgasme, j’apprécie avec délices les battements du sexe qui continuant à rentrer et sortir en moi. Lorsque mon corps retombe, alors s’accélère en moi le mouvement de cette bite si bonne, si opportune, qui s’immobilise tout à coup au fond de moi, pour expulser la semence, et provoquer le plaisir de notre ami.
Comme un château de cartes qui s’écroule, ou une rangée de dominos qui tombent, mais sagement, inexorablement, sans stress ni précipitation.
Nous échangeons ensuite des baisers, non vraiment emprunts de tendresse, mais plutôt vecteurs un peu compulsifs des goûts et des odeurs intimes de nos trois intimités, que nous avons un plaisir spécial à partager.
Puis la tendresse et l'amitié reprennent le dessus.
Quand il m’arrive de faire l’amour seule avec cet ami, je veux dire en l’absence de mon mari adoré, en fait, nous évoquons toujours sa présence. Avec des mots assez crus, nous le faisons vivre, et c’est toujours son éjaculation dans ma bouche, fictive, qui déclenche l’enchaînement fatal. Et même lorsque, très rarement, mais c’est tout de même arrivé, lui et moi faisons l’amour avec un autre partenaire, généralement des amis à lui inconnus de moi, quel qu’il soit, celui-ci se retrouve exactement à jouer le rôle de Bruno.
Au-delà du sexe, je crois que c’est bien de l’amour, non ?
Florence - fflorence@mail.com