Toscane

Le monde sensuel de Florence

01 juillet 2006

32. Le plaisir de Sophie


La semaine dernière, je recevais ce coup de téléphone de Sophie. En dépit de l'attirance que j'avais éprouvée pour elle et de mon incapacité à tenter quelque chose, nous avions développé une relation amicale. Elle m'avait prévenue de son départ pour une petite ville de province, et, de loin en loin, m'avait tenue informée de sa nouvelle vie là-bas. Nous avions ainsi maintenu entre nous un lien ambigu et asymétrique, entre la passion secrète prête à me dévorer et son attachement amical sincère.

Elle m'appelait pour m'annoncer sa venue dans la capitale, et son souhait de me voir à cette occasion. Je ferais ainsi la connaissance de son mari, dont l'existence ne m'avait pas effleurée jusque là. Dès l'instant où la perspective de la revoir s'est offerte à moi, mon tempérament de midinette m'a submergé, et je n'ai cessé de penser à elle.

Mon mari n'a exprimé aucune réticence à me laisser ainsi revoir une copine, et a accepté bien volontiers de passer une soirée à s'occuper des enfants sans moi. Les enfants seraient ravis de communier avec leur père dans l'abus d'aliments gras et sucrés (Coca, frites, chips et autres) et d'activités débilisantes (télévison, jeux vidéo). Le genre d'exception qui les ravit tous ensemble et confirme tout de même la règle plus stricte que moi je tente d'imposer (dont ils me remercieront un jour, peut-être).

Pour l'heure, je suis un peu en décalage avec cette règle. Je ne dis pas tout à Bruno, mais j'aspire à le faire. Même si rien ne me permet de penser que cette soirée ira au delà d'une amicale rencontre, j'ai vaguement l'impression de m'enfoncer dans un nouveau mensonge. Un mensonge pour ma merveilleuse Sophie, ce n'est pas trop cher payé...

Ils logent pour la nuit dans un petit hôtel du cinquième arrondissement, et nous avons rendez-vous dans un pittoresque restaurant du même quartier. Dans le RER qui m'amène quasi quotidiennement à mon travail, j'évoque ce secteur que j'ai si bien connu quand j'étais étudiante. J'ai une image claire, quoique ancienne, de ce restaurant et de cet hôtel, qui seront le théâtre de cette rencontre. Je suis assise, tournée vers l'extérieur du wagon, indifférente aux quidams. Mes yeux suivent distraitement le paysage familier de la ligne, les talus engazonnés, les pavillons de banlieue, les installations ferroviaires. Le train rentre dans Paris, mon coeur se serre. Je suis exaltée, excitée comme une gamine.

Je me calme un peu durant les quelques minutes de marche entre la gare et le restaurant. Celui-ci m'apparaît plus tôt que prévu, le souvenir doit être moins exact que je ne le pensais. Elle est là devant. Son apparition me prend par surprise. Elle m'a vue. Je suis cueillie à froid. Ma sérénité vole en éclat. Elle est maintenant près de moi, et avec une aisance parfaite me présente son mari, me fait la bise, exprime sa joie de me revoir. Je dois avoir un drôle d'air, alors elle s'inquiète de ma santé. Je dis que c'est le trajet en RER et à pied, que j'ai dû me presser.

Le repas est très cordial. L'émotion initale passée, je jouis de sa beauté et de sa vivacité. Son mari est un homme exquis, plein de prévenance pour elle et pour moi. L'émotion qui m'étreint maintenant n'est plus teintée d'anxiété, mais plutôt d'exaltation. Confortablement installée, je suis bien à l'aise dans ma robe légère, comblée de mets délicieux et légèrement affolée par quelques verres de vin. Ce contentement sans nuage me laisse quand même sentir que Grégoire, le mari de Sophie, n'est pas que prévenant à mon égard. Tout ce que je trouvais d'aimable, de tendre, d'attentionné dans son rapport avec Sophie, je le retrouve dans son attitude à mon égard, avec en plus, une vive marque d'intérêt pour ma personne et ma vie. Et le plus curieux, c'est que Sophie fait corps avec lui dans cette approche.

Je crois réaliser que je les ai séduits, apparemment tous les deux. Mon état euphorique me permet d'envisager avec bonheur la suite de la soirée, sans que mon coeur ne s'arrête de battre à l'évocation de ce qu'elle promet, et sans douter de la réalité de cette promesse...

C'est sans surprise que, dans un état second, j'entends Grégoire me supplier de les laisser me montrer les photos de leur fille, qui a bien grandi depuis la crèche. Transportée comme par enchantement, je suis maintenant dans leur chambre d'hôtel, à admirer cette jolie petite fille, portrait fidèle de sa jolie maman. Un peu moins exaltée, j'éprouve un réel plaisir à me remémorer cette gamine passablement agitée et si attendrissante. Je prends progressivement conscience du lieu dans lequel je me trouve. La chambre est vraiment petite, sans doute caractéristique de ce genre d'hôtel, où je n'ai jamais mis les pieds. Le mobilier est soigné. Une chambre ancienne et fonctionnelle, agréable et belle. Sophie et Grégoire n'ont pas vraiment investi la pièce, l'unique nuit qu'ils vont y passer ne justifiant peut-être pas vraiment d'installer leurs affaires et d'occuper tiroirs, étagères et tablettes.

Tous deux ont comme moi ressenti cet anonymat, et je les vois maintenant commencer à exister dans la pièce. Pour sortir les photos et me les montrer, une valise est installée sur le lit et ouverte. Je découvre cette intimité particulière d'une valise qui contient un extrait de leur vraie vie. Sans tout sortir, ils disposent un certain nombre d'objets personnels sur les tables de nuit, préparent les vêtements qu'ils mettront le lendemain, ajustent la position des lampes et des meubles. En quelques minutes, la chambre a l'air habitée et bien rangée à la fois. Ils semblent plus à l'aise dans ce petit chez-eux reconstitué. Tout en me montrant les photos, ils se retrouvent, multiplient entre eux les gestes tendres. Ils s'aiment je le vois bien. Un temps enchantée du plongeon dans leur intimité, je me demande un peu ce que je fais là. L'anxiété me gagne et mon visage s'attriste.

Grégoire vient alors s'asseoir près de moi. Il passe son bras autour de ma taille et me demande ce qui ne va pas. Sophie est assise sur une chaise juste devant nous, à portée de caresse. Je ne peux articuler un mot, je me sens maintenant très triste. A la demande de Grégoire, je relève le tête et je le regarde. Il pose ses lèvres sur les miennes. Très vite sa langue s'aventure dans ma bouche, et m'entraîne dans un baiser passionné. Il s'arrête. Je le regarde dans les yeux, un peu perdue, je jette un regard inquiet vers Sophie. Son visage n'est que douceur et tendresse. Ma bouche s'unit de nouveau à celle de Grégoire. Tout mon être est renversé. A l'inquiétude mortelle a succédé un abandon total. Je réponds aux baisers, je serre Grégoire dans mes bras. Mes mains parcourent timidement son corps.

Assez habituée des émotions du plaisir dans cette configuration, je suis maintenant sereine. Je crois que tout peut arriver entre nous trois. Pensant avoir le contrôle de la situation, j'interromps le baiser. Je balaie de mes yeux le monde qui m'entoure, la pièce, le lit, les corps de Grégoire et de Sophie. Toujours assise sur le lit, je fais glisser ma robe légère par le haut, et la dépose à côté de nous. Je me lève alors, faisant face à Sophie. Je la dévore des yeux. Grégoire fait glisser lentement ma culotte qui tombe sur le sol. Il détache mon soutien-gorge, que je finis d'enlever. Je suis maintenant complètement nue entre eux. Sophie ne bouge pas, son regard toujours débordant de douceur et de tendresse. La main de Grégoire chemine entre mes jambes et prend possession de mon sexe. Assis derrière moi, il me masturbe sous les yeux de sa compagne. Je savoure la caresse en imaginant mille choses. Sophie saisit alors mes hanches, et suggère suavement que je termine moi-même. Alors je m'exécute, transportée par le contact brûlant de ses doigts sur mes hanches. En quelques minutes mon corps toujours debout vibre d'un orgasme plein, une offrande à mon amie.

Tout à mon plaisir si peu solitaire, je n'ai pas bien réalisé que Grégoire se dévêtait. Nu, le sexe tendu, il me cueille encore flageolante, et m'installe sur le lit, à quatre pattes, les fesses tournées vers le bout du lit, offertes. Il vient derrière moi, se colle derrière mes fesses, et rentre doucement son sexe dans le mien. Il rentre, il sort. Avec douceur et détermination il va et vient avec de plus en plus d'ampleur. Un moment il se cale tout au fond de moi, reste quelque temps sans bouger. Nous savourons tous deux l'emboîtement intime des corps. Puis il reprend un mouvement puissant, tout en caressant le bas de mon dos. Ainsi cajolée, je tourne la tête vers Sophie. Elle est en train de se déshabiller. Mes yeux ne la quittent plus, tandis que mon corps ondule gracieusement au rythme imprimé par Grégoire. Peu à peu son magnifique corps nu se révèle à moi de nouveau, tel que je l'avais naguère contemplé dans les douches de cette piscine bénie.

Elle s'allonge à côté de moi, sur le côté. Elle observe la verge de son mari qui rentre et sort de mon intimité. Je vois son sexe à elle là à côté de moi. Je vois sa main le pétrir avec énergie, je la vois promener ses doigts avec fougue, puis farfouiller en elle, les faisant entrer et sortir. Je vois ses doigts dégouliner. Grégoire explose en moi avec un long râlement... immédiatement après je jouis à mon tour avec force... un orgasme de vieux habitués, presque simultané. Il reste un moment en moi bien au fond, nous goutons notre union accomplie... je vois alors le corps de Sophie se cabrer, son souffle haleter, ses jambres trembler et... un cri très pur de plaisir déchirer le silence.

Grégoire se retire, je m'allonge. Sophie est maintenant étendue sur le dos, en sens inverse, son corps ne touchant pas (encore ?) le mien. Grégoire vient sur elle, plonge sa bouche sans son sexe. Sophie lèche maintenant sa bite, pleine de mes humeurs intimes et de son sperme. Ils prolongent quelques minutes cette agréable disposition dont je raffole. Puis Sophie prend la pose que j'occupais plus tôt, et son mari entreprend de lui faire l'amour de la même façon, une levrette où il se trouve encore debout derrière elle.

La devant moi, sous les pénétrations de son homme, je la vois fondre. Je me colle à elle. Dans le feu de l'action je lui vole des baisers, je saisis ses seins, j'atteinds sa touffe, j'introduis dans son vagin un doigt, puis deux, collés contre le sexe de Grégoire, entrant et sortant en rythme. Elle tressaille un peu à mes attouchements, mais est complètement dans le jeu des caresses de son mari. Il la masturbe en même temps, je sens ses doigts frôler les miens. Leur union est belle, totale, profonde. J'en suis le passager clandestin. Leur orgasme est soudain, violent, long, exactement en phase.

Le corps de Sophie retombe inerte, sur le dos, tout contre moi. Un long moment je savoure immobile le contact de sa peau. Et puis, sentant mon heure arrivée, je m'installe à califourchon sur elle. Nos pubis se touchent, nos seins se pressent. Ma bouche se pose sur la sienne. Dans un déchaînement d'émotions, ma langue s'insinue un court instant à l'intérieur. Mon corps frémit de la tête aux pieds, du sexe à la pointe des seins. Je suis euphorique. Alors elle saisit délicatement mes épaules, me fait redresser le torse. Je suis au dessus d'elle, dominatrice. Plus douce et plus tendre que jamais, elle saisit mon visage, et elle m'explique qu'elle n'a pas d'attirance sexuelle pour les femmes, que plusieurs fois elle avait ainsi involontairement séduit des femmes, les menant à une déception cruelle. Qu'il ne faut pas lui en vouloir. Je m'effondre. Je pleure. Nous sommes deux amies dans les bras l'une de l'autre, nos seins et nos sexes toujours en contact, sans excitation. Avec tact, Grégoire est parti vers la salle de bain. Nous surmontons toutes deux ce hiatus dans nos désirs, en partageant l'émotion ce même homme qui nous a toutes deux fait chavirer. Elle promet de me le reprêter une autre fois.

Florence - fflorence@mail.com

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