Toscane

Le monde sensuel de Florence

05 mai 2006

29. Anne-Laure


Ce soir, pour la première fois c'est moi qui raccompagne Anne-Laure chez elle. Une fois encore, elle a joué les baby-sitters pour nous. Nous avons pris l'habitude de discuter un moment avec elle, avant de la raccompagner.

Cinq minutes de marche et nous voici toutes deux devant la grande maison où elle vit avec sa famille. Peut-être par politesse, elle me demande si je veux voir la chambre où elle vit. J'accepte non sans ressentir un petit pincement au coeur.

Nous pénétrons dans le jardin, nous contournons la bâtisse, nous franchissons la pesante porte de derrière, et nous nous retrouvons dans son 10 mètres-carrés en rez-de-jardin. Ce doit être assez sombre dans la journée. Outre la porte par laquelle nous entrons, une autre porte est entr'ouverte sur une petit salle de bain. A cette heure de la nuit, une grosse lampe de chevet projette un maigre lumière. Le désordre qu'elle révèle est indescriptible... mes yeux ne font qu'accrocher les détails les plus incongrus : posters jaunis ou à moitié arrachés, store vénitien cassé, chaise et table croulant sous les livres et les classeurs. Le lit est ouvert, froissé, et témoigne encore de sa présence la nuit précédente. Ou une autre nuit ? Sur le sol, des chaussures, des culottes, une pile de vêtements, un soutien-gorge en coton blanc...

Nous n'échangeons pas un mot. Je promène tranquillement mon regard tout autour et sur elle. Anne-Laure se tient au milieu de la pièce, face à moi, immobile. Je m'approche d'elle. Je viens tout près, à son contact. Elle ne bouge toujours pas. Elle semble calme, elle sourit doucement. D'un seul mouvement mesuré et calculé, je me colle contre elle, je l'enserre dans mes bras, et je plaque ma bouche sur la sienne. Son corps n'a pas frissonné. Je la sens chaude contre moi. Elle se montre immédiatement réceptive à mes baisers. Sa bouche ondule dans la mienne, nos langues se cherchent, se touchent, se caressent, et enfin se dévorent. J'interromps un moment le baiser pour la regarder droit dans les yeux. Toujours le même regard doux et tranquille, dans ses yeux bleus grands ouverts. Je reprends le baiser, elle reprend avec moi, nous savourons l'instant.

Je suis étonnée de son calme. Mon cerveau est en ébullition. Il évoque tour à tour d'autres premières fois, d'autres bouches de jeunes femmes, cet instant où j'ai joui en pensant à elle, en plein théâtre. J'ai l'impression que le monde s'ouvre et recommence, qu'Anne-Laure entre dans mon domaine. Je la sens conquise.

Je sens sa poitrine délicatement appuyée contre la mienne. Je me remémore la forme devinée de ses seins. J'en perçois la fermeté. La pointe de son sein gauche appuie nettement sur mon sein droit. Je réfléchis : elle porte un T-shirt, rien en dessous, je porte un chemisier, et rien en dessous moi-même, ce qui est exceptionnel. Je me sens en pleine maîtrise de la situation.

Malgré tout, la sérénité me fait défaut. Je n'y tiens plus. Sans cesser de l'embrasser avec passion, je m'écarte légèrement d'elle. Je lance mes deux mains en éclaireur sous son T-shirt, et enserre ses deux petits seins comme des citrons. Pendant quelques secondes, je les caresse avec volupté. Ils sont nus. Ils sont chauds, une peu moites, tendres, doux, offerts, fermes. Un concentré de jeunesse et d'excitation.

Anne-Laure interrompt un instant le baiser à son tour. Elle saisit mes mains sous son T-shirt, les entraîne au dehors, les ramène posément sur ses hanches. Calmement, ses yeux fixés dans les miens me disent son refus, me disent des excuses, et m'inondent de sa tendresse. Elle se serre contre moi, et relance un baiser tumultueux. Je suis abasourdie de tant de calme et de sang-froid. J'ai perdu mon assurance, elle controle la situation. Pour l'heure, je profite sans retenue de ce qu'elle m'offre.

Florence - fflorence@mail.com

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